vendredi 1 mai 2009

Un songe, une humeur.



Un songe, une humeur.

Lundi 7 juin.
Tic Tac. Dring ! Sonnez trompettes.
Ce matin à la radio, les superlatifs étaient débités en rafales par des journalistes ressemblant à des souris en cage. Vous savez celles qui courent sur place dans une roue.
Ben oui, ça devait arriver. C’est même étonnant qu’il ait fallu attendre si longtemps. Le NPA à 15% et le FN à 18%. Encore 10% chacun et ces deux partis réuniraient plus de la moitié de l’électorat. C’est « l’horreur », mais « l’honneur » est sauf. Les partis « responsables », les partis « de gouvernement » arrivent en tête. Quand même, mais de peu. L’UMP est devancée par le PS annoncé moribond. Une surprise. Pour qui ?

Malaise.

Les ondes, l’Ortf franchisée, « analysent » comme à leur habitude. En prenant leurs auditeurs pour des crétins. L’important pour eux étant de ne pas laisser de vide, de ne pas laisser de temps libre pour la réflexion. Faudrait pas qu’un discours clair et pertinent surgisse et s’installe, ces gens là ont un fond de commerce, un stock à écouler, et une rente de situation. Alors ils nous font une grande ratatouille. Editorialistes et leaders politiques, mandarins en tous genres, barons, éléphants, mammouths et poids lourds, de gauche et de droite s’échangent leurs idées. Brouiller le discernement du trop bon peuple. Gagner du temps. En deux minutes, allez peut-être trois, le même éminent spécialiste ayant perdu son calme, nous « refait le match » à la manière d’Eugène et s’écrit « c’était prévisible », « les sondages se trompent », « c’est inimaginable », « ça devait arriver », etc.

Mais là où ils sont les plus balèzes quand même, c’est au petit jeu du « les Français ont voulu dire »… Là c’est du grand art, comme d’habitude. Duhamel a fait des émules bien formés. Et bien rodés en plus de ça. Rappelez vous.
Avril 2002 ? C’est la faute à Jospin. Juste un problème de comm. Certainement pas l’expression d’une inquiétude justifiée. Non. La gauche affirme d’ailleurs, « c’est que l’on a pas été assez à gauche »… Ne pas y voir un ras le bol des courants d’air ou des budgets des « Danaïdes » ? Que nenni. Les Français sont ouverts, modernes, tolérants et généreux.
Le traité européen ? C’est la faute à Chirac. Juste un problème de comm. Les Français n’ont pas compris le texte. Ils n’ont pas répondu sur l’Europe. Les Français sont majoritairement pro-européens. Il faut plus d’Europe. Allo Roland : « t’as pas un sondage là dessus ?».

C’est vrai ça. Qu’est-ce qu’ils ont voulu dire les Français ? On pourrait peut-être leur demander ?
« Un micro trottoir » propose le stagiaire.
« T’es crétin ou quoi ? » coupe le vieux briscard.
Et là c’est tout vu.

D’un côté, à ma gauche, la France de demain, celle des citoyens « sans frontière », si diverse, si métissée, maltraitée, humiliée, mais fougueuse et pleine d’énergie et de créativité, innovante, curieuse, qui a voté pour le gentil et généreux facteur porteur d’espoirs. Il est fort quand même le Besancenot. Quel vent de fraîcheur dans le paysage politique! Mieux que de la rose. « Un facteur qui sonne une fois » titre Libération. Pascale Clark est aux anges, elle se pâme. Certes un peu utopique quand même le punchy et joufflu super militant, mais il faut bien l’être en ces temps de bouleversements.
De l’autre côté, à ma droite, la France moisie, celle du passé à jamais révolu, celle « des heures les plus sombres de notre histoiâââre », qui vient de pousser un brâme nauséabond, comme un dernier soupir, en votant pour le borgne qui pue, qui transforme tout ce qu’il touche en m…. Un peu comme les journalistes… Ces Français là sont dépassés. Des bidochons, ils n’ont simplement pas les clés. Repliés sur eux-mêmes, trop vieux, regardant dans le rétro, ils n’ont pas accès aux outils citoyens. Le cimetière c’est par là.

La vérité ? Vous la voulez ?
Les Français en ont marre. C’est pas dur à comprendre.

Marre de cette gauche aussi molle et que bête à manger du foin, qui se prend pour le Ché, et qui n’est que Tartuffe.
Marre d’être traités comme des « fins de race ». D’entendre qu’ils sont tellement usés et nuls ces Français, qu’il leur faut d’urgence faire venir plein d’« autres », qu’il leur faut sans délai leur faire une place, pour qu’ils nous enrichissent, nous sortent de là, nous sauvent, forcément, à tout point de vue. Ca a déjà commencé d’ailleurs, les premiers résultats se font sentir. Regardez, à l’école en particulier. C’est super riche l’école. Une vraie réussite.
Marre de cette droite qui veut être à gauche, comme l’autre voulait être un artiste, qui se prétend pragmatique et qui n’est que cynisme. Qui n’a pas la moindre idée de ce qu’indigence quotidienne signifie, de ce que vivre en cité ou même à proximité apporte en épanouissement. Elle finira pas perdre son électorat, sans gagner une voix sur sa gauche.
Marre de ces patrons qui sont devenus des extra-terrestres. Ils sont les nouveaux aristocrates du système, avec les journalistes… Aristocratie des affaires et aristocratie des opinions. Ah ça ira, ça ira…

Marre de se faire balader depuis 30 ans.

Alors là l’occasion était trop belle. S’abstenir aurait été leur faire trop de plaisir. Des Français ont gueulé fort et envoyé le paquet cadeau des extrêmes là-bas. Non ! Pas à notre Assemblée Nationale, faut pas déconner quand même (au fait ça existe la nation ?). Non. Là-bas. Qu’ils se débrouillent avec. Ca les occupera. Un bon gros boulet. Deux pour le prix d’un même. Ils ne voulaient pas de Le Pen pour inaugurer leurs palabres ? Ils l’auront en co-triomphateur bouffi d’orgueil, et chapoter par un petit jeune qui n’en veut. C’est pas beau ça ? Les gallinacés s’agitant dans la basse-cour des basses œuvres. Ca caquette et ça piaille. Z’ont l’air vraiment inquiets. Mais cette fois ci, ils nous ont « compris », c’est promis…

C’est vrai, on n’est pas des experts. En rien même. Mais c’est nous qui payons… Alors plutôt que de nous dire ce que l’on a envie d’entendre en campagne, faites votre devoir une fois au travail, servez le pays (le votre), ne vous en servez pas, ne vous servez pas... On n’a pas besoin de joueurs de flûte. Juste de responsables loyaux envers leurs concitoyens. C’est trop demander ?

J’écoute le journaliste à la radio… « Les heures sombres de notre histoire », « la France peureuse, frileuse, repliée…moisie » « la tentation révolutionnaire face à la réaction fasciste » « il n’y a pas d’alternative » « la France au ban de la communauté » « il y aura des conséquence politiques », « des sanctions sont à redouter » etc.

Je m’réveille.
Où il est le « grand homme » ? Vous savez celui qui a du courage. Pas l’ombre. C’est sombre.
Ah ça ira, ça ira!...

Publié par Agoravox le 2 mai 2009
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/un-songe-une-humeur-55447

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